« Parlant comme saint Jean de la Croix, je dirais que les
obligations du peintre solitaire sont au nombre de cinq. La première est de
voler le plus haut possible, de s’engager dans les aventures les plus audacieuses,
dans les plus profondes inquiétudes esthétiques, sociales ou philosophiques,
oublieux de tout ce qui est transitoire. La seconde est d’être si amoureux du
silence et de la solitude que c’est seulement à travers eux que le peintre
pourra réaliser une œuvre dont le message sera à la fois grave et élevé. La
troisième consiste à poser les yeux sur une infinité de propositions parmi les
plus folles, à boire jusqu’à la lie, avec une fièvre intense, tout ce qui passe
à sa portée. La quatrième est de ne pas disposer de trop de couleurs,
l’essentiel étant de suivre ses désirs, attentif à la seule responsabilité
morale comme à celle de son époque. La cinquième est de hurler dans le langage
le plus spontané et le plus libre (in discours de Cuenca, 1997). »