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HANTAI Simon
(1922-2008)
"Le pliage ne procédait de rien. Il fallait simplement se mettre dans l'état de ceux qui n'ont encore rien vu; se mettre dans la toile. On pouvait remplir la toile pliée sans savoir où était le bord. On ne sait plus alors où cela s'arrête. On pouvait même aller plus loin et peindre les yeux fermés"
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Simon HANTAI - Biographie détaillée |
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Simon Hantäi est né à Bia, en Hongrie, en 1922. Hantaï fréquente
l'école des Beaux-Arts de Budapest et s'installe à Paris en 1949 où il
participe au groupe surréaliste : André Breton préface sa première
exposition à la galerie L'Etoile scellée en 1953. Il expérimente alors
une grande variété de techniques comme le collage, le frottage et déjÃ
le pliage et sa peinture évoque alors d'étranges anatomies, présentant
des formes entrelacées, des enchevêtrements de signes et des
ondulations caractéristiques de cette époque.
En 1955, il rompt avec Breton, découvre Pollock et les peintres
expressionnistes américains et se rapproche de l'Abstraction lyrique
européenne et de son chef de file, Mathieu, qu'il rencontre en 1957 :
sa peinture évolue alors vers un style plus abstrait et plus lyrique et
sous l'influence déterminante de Pollock, il développe une écriture
plus gestuelle et renonce à la composition.
En 1956, il présente à la galerie Kléber à Paris l'exposition
Sex-Prime, Hommage à Jean-Pierre Brisset, dont le tableau du même
titre, sorte de "matérialisation d'un moment de délire érotique",
témoigne d'une technique particulière utilisant des signes
apparaissants "en négatif" : l'artiste retire la peinture par endroits,
faisant apparaître des fonds colorés qui semblent éclairer le tableau
de l'intérieur. En 1957, il expose avec Mathieu à la galerie Kléber.
Fuyant la capitale, Hantaï se retire l'année suivante près de
Fontainebleau.
A partir de 1960, il abandonne progressivement la toile montée sur
châssis et adopte "le pliage comme méthode", principe illustré par la
série des "Mariales", immense toile qu'il expose à la galerie Kléber en
1962 : les toiles libres sont pliées de manière plus ou moins fine,
froissées et nouées avant d'être peintes "en aveugle", le pinceau
n'atteignant que les parties convexes des plis : l'oeuvre n'est révélée
dans sa totalité qu'une fois dépliée. Dans la série des "Tabulas",
commencée en 1974, le pliage donne lieu à un quadrillage régulier de la
surface de la toile, chaque élément coloré s'apparentant à un même
motif toujours répété.
Au début des années 80, l'artiste restreint progressivement le nombre
des motifs carrés qui les composent, en les agrandissant. Méthode
répétitive, presque mécanique, le pliage permet à l'artiste d'aborder
sa toile de manière globale, sans privilégier telle ou telle zone, dans
une espèce de banalisation du geste de peindre ; elle constitue pour
lui une nouvelle approche plastique des formes et des couleurs dont
beaucoup de jeunes artistes s'inspireront au cours des années 70,
notamment dans le cadre du mouvement Support/Surface.
Hantaï a représenté la France à la Biennale de Venise en 1982, avant de
se retirer de la scène artistique mondiale afin de poursuivre ses
recherches en solitaire.
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