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FAUTRIER Jean
(1898-1964)
"A aucun moment, je ne me suis considéré « informel », et mes recherches ont toujours été vers une figuration libérée"
Jean FAUTRIER - Biographie détaillée

Jean Fautrier, artiste admiré par les poètes et dont Francis Ponge disait que "chacun de ses tableaux s'ajoute à la réalité avec vivacité, résolution, naturel" est né à Paris en 1898. Après la mort de son père, sa mère l'emmène à Londres. Ses études commencées en 1908 à la Royal Académy puis à la Slade School, lui laissent un goût amer de classicisme et de traditionalisme. Déçu, Fautrier décide de prendre un atelier et de travailler seul.

De retour en France, il est mobilisé en 1917. Gazé à Montdidier, il est définitivement réformé en 1921. C'est alors que commence réellement l'aventure picturale. Influencé par la peinture expressionniste, il peint des tableaux de facture réaliste. Il expose ses premiers tableaux à la Galerie Fabre en 1923. En 1925, Jean Fautrier devient le véritable précurseur de l’art informel. Il est défendu par les marchands Jeanne Castel et Paul Guillaume avec qui il passe un contrat d'exclusivité en 1927. Il est bien accueilli par la critique et le milieu littéraire parisien, en particulier par le jeune André Malraux. Fautrier traverse une période de recherche qu’il qualifiera de « saison en enfer ». Il réalise une œuvre lyrique, des séries de paysages et de nus noirs. Il réalise des gravures pour l'édition illustrée de l'Enfer de Dante préparée par Gallimard.

La crise économique touche durement le marché de l'art dans les années 30 et Paul Guillaume rompt le contrat qui le liait à Fautrier. L'artiste poursuit ses recherches de couleurs sur l'abstraction lyrique avant de faire un long séjour de plusieurs années dans les Alpes, où il peint peu. Cependant, la neige et les glaciers nourrissent sa palette. A son retour à Paris en 1939, il réaffirme sa conviction pour l’abstraction. Il collabore avec Georges Blaizot, se passionne pour l'estampe et réalise de nombreux livres illustrés pour l'éditeur parisien.

En 1943, il est arrêté par la gestapo allemande, il fuit Paris et trouve refuge à Châtenay-Malabry. Il entreprend une série de collages matiéristes, de dessins peints à l’huile sur papier. Ces travaux constituent Otages et Massacres, un ensemble de portraits sensibles où l’artiste exprime son malaise et son désarroi.

En 1950, il invente à l'aide de sa compagne, Jeanine Aeply, un procédé complexe mêlant reproduction chalcographique et peinture permettant de tirer ses œuvres à plusieurs exemplaires, procédé qui aboutira à la réalisation des Originaux multiples. Fautrier revient à la peinture entre 1954 et 1958. En réaction à l'invasion de la Hongrie en 1956, sur le motif des Otages, il peint la suite des Têtes de partisans. Le peintre s'affirme désormais comme un homme de convictions, très engagé politiquement. En 1960, Fautrier reçoit le grand prix de la peinture à la Biennale de Venise.

En 1964, le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris rend hommage au peintre par une grande rétrospective. Fautrier malade ne peut s'y rendre, et meurt le 23 juillet 1964.

Désigné en son temps comme l'un des pionniers de l'art « informel Â» Jean Fautrier exprima en plusieurs occasions sa perplexité vis-à-vis de cette allégation, allant même jusqu'à mettre en doute la réalité d'un art « informel Â» spécifiquement moderne.

Une rétrospective lui est consacrée à la Fondation Gianadda de Martigny, en 2004.