Antonio Saura naît le 22 septembre 1930 à Huesca en Aragon. Il vit avec sa famille à Madrid, Valence et Barcelone. Dès son jeune âge, Saura accompagne son père au Musée du Prado où il est marqué par Crucificado Cristo (1632) de Velazquez et le Perro semihundido (1821-1823) de Goya, des oeuvres qui auront une influence sur son travail futur. Son enfance est boulversée par la guerre civile espagnole, les visions d’horreur qu’il en a le marqueront à jamais.

Autodidacte, il commence à peindre et à écrire en 1947 à Madrid, alors qu’il est atteint par la tuberculose et immobilisé depuis cinq ans. Il réalise ses premières recherches et ses premières expériences picturales. Antonio Saura revendique l’influence de Arp et de Tanguy. Il se distingue déjà par un style personnel, crée de nombreux dessins et peintures de caractère onirique et surréaliste, qui représentent le plus souvent des paysages imaginaires pour lesquels il utilise une matière plate, lisse et riche en couleur. Entre 1948 et 1950, il crée la série Constellations, dans laquelle il est influencé par Miro et le surréalisme. Sa première exposition personnelle est organisée en 1950 à Saragosse.

Un premier séjour à Paris en 1952 puis en 1954 et en 1955, il y rencontre Benjamin Péret et travaille avec le groupe surréaliste. Déçu par cette expérience, il se réfugie dans une peinture informelle qui lui semble seule capable de libérer l’expression d’un automatisme psychique pur. Il utilise alors la technique du grattage, adopte un style gestuel et une peinture abstraite, toujours colorée, de conception organique et aléatoire. Apparaissent des formes qui deviennent bientôt des archétypes du corps de la femme ou de la figure humaine. Ces deux thèmes occuperont l’essentiel de son œuvre.

Dès 1956, Saura entreprend des grandes séries, Dames, Nus, Autoportraits, Suaires, Crucifixions, qu’il peint tant sur toile que sur papier. A Madrid, en 1957, il fonde le groupe El Paso, qu’il dirige jusqu’à sa dissolution en 1960. Le manifeste du groupe exprime le souhait de créer un nouveau langage pictural européen. El Paso prône le rejet des critères classiques : figuration, composition, équilibre, beauté. Ces années voit le développement de l'Art Informel espagnol dont Antoni Tapies est l'un des principaux membres.

Il prend part à la Biennale de Venise en 1958 et à la Documenta en 1960. Première exposition individuelle chez Rodolphe Stadler à Paris, chez qui il exposera régulièrement, et qui l’introduira auprès d’Otto van de Loo à Munich et de Pierre Matisse à New York, qui l’exposeront et le représenteront également. Saura limite alors sa palette aux noirs, aux gris et aux bruns. Il affirme un style propre et indépendant des mouvements et des tendances de sa génération.

En 1959, il est l’auteur d’un Oeuvre imprimé prolifique; il illustre de manière originale de nombreux ouvrages tels que Don Quijote de Cervantes, 1984 de Orwell, Pinocho dans l’adaptation de Nöstlinger, Tagebücher de Kafka, Trois visions de Quevedo, et bien d’autres. Saura commence, en 1960, à sculpter et crée des œuvres composées d’éléments de métal soudé représentant la figure humaine, des personnages et des crucifixions.

En 1967, il s’installe définitivement à Paris, s’engage dans l’opposition à la dictature franquiste et participe à de nombreux débats et polémiques dans les champs de la politique, de l’esthétique et de la création artistique. Antonio Saura amplifie son registre thématique et pictural. Apparaissent, avec les Femme-fauteuil, les séries des Portrait imaginaire, des Chien de Goya et des Portrait imaginaire de Goya.

En 1971, il abandonne la peinture sur toile (qu’il reprendra en 1979) pour se consacrer à l’écriture, au dessin ainsi qu’à la peinture sur papier. Dès 1977, Saura entreprend la publication de ses écrits, réalise plusieurs scénographies pour le théâtre, le ballet et l’opéra. De 1983 à sa mort prématurée, il reprend et développe l’ensemble de ses thèmes et figures. En 1991, puis en 1995, Antonio Saura travaillera auprès de son frère, le célèbre réalisateur de cinéma Carlos Saura, sur deux versions de l’opéra Carmen. Son oeuvre est aux cimaises de tous les grands musées. Il s'éteint le 22 juillet 1998 à Cuenca, en Espagne.

2008 sera l’année Antonio Saura au Musée des Abattoirs. Jusqu’à février 2009, pas moins de six expositions de l’artiste antifranquiste espagnol seront accrochées. Né en 1930 et décédé en 1998, Antonio Saura a marqué la génération post-Picasso par des oeuvres satiriques, politiques et souvent hallucinantes, par leurs formes et leurs couleurs.